Le 29 juillet 1856, un traité est passé entre la ville de Saint-Servan et la société Eugène Lebon et Cie, représentée par M. Lebon, ingénieur des Arts et Manufactures, pour l'éclairage au gaz de la ville. En 1857, MM. Lebon père et fils et Cie sont autorisés à construire une usine d'éclairage par le gaz hydrogène sur un terrain communal que leur a cédé la ville de Saint-Malo, sur la chaussée du Sillon. Le gaz est alors fabriqué par l'hydrocarbure de houille et la fusion continue. L'épuration du gaz se fait par l'oxyde de calcium et les sels métalliques pour condenser les sulfhydrates de potasse. L'usine à gaz se compose alors de fours à cinq cornues et de deux gazomètres.
Le site était implanté sur le front de mer, composé de différents corps de bâtiment, plus ou moins remaniés, groupés autour d'une cour fermée rectangulaire. Les salles des machines et des convertisseurs consistent en trois corps de bâtiment accolés situés à l'extrémité est de la cour. La salle des machines se compose de deux corps différents : d'une part un bâtiment, de plan carré, enduit, aveugle sur toutes ses faces hormis une porte d'entrée côté cour et couvert d'un toit en terrasse, d'autre part un bâtiment accolé, en rez-de-chaussée surmonté d'un toit à longs pans en ardoises. Construit en schiste, ce dernier présente des façades percées de baies encadrées de briques à arcs surbaissés. Le bâtiment des convertisseurs, accolé, offre la même composition avec un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé. En retour d'équerre, côté sud, subsistent deux anciens postes de transformation enduits, entre lesquels subsiste un petit entrepôt industriel. La salle des machines est flanquée, au nord, en retour d'équerre, de quelques corps de bâtiment, situés dans le même prolongement, et abritant divers anciens ateliers dont une forge, un laboratoire, un magasin industriel et des bureaux. Remanié, cet ensemble, aujourd'hui utilisé par les bureaux d'EDF-GDF, consiste en un grand corps de bâtiment en schiste, de plan rectangulaire, à un étage carré couvert d'un toit à croupes en ardoises. La façade postérieure, enduite, est rythmée par une succession de travées de baies rectangulaires au premier niveau et à arcs surbaissés au second niveau.
Un large conduit souterrain amène les produits gazeux ou fumées de combustion de tous les foyers dans une cheminée haute de 30 m. A partir de septembre 1878, date à laquelle l'éclairage des villes de Saint-Malo et de Saint-Servan est achevé, l'usine à gaz est en pleine activité et fonctionne dans les meilleures conditions. En avril 1913, la société Lebon et Cie, concessionnaire de l'éclairage de la ville de Saint-Servan, mais aussi de Saint-Malo, est autorisée à établir, avenue Aristide Briand, une seconde usine pour la fabrication du gaz d'éclairage. En 1923, installation d'un réservoir à mazout. En 1927, trois réservoirs à mazout de 45 m3 chacun sont installés dans la cuve d'un gazomètre de 800 m3. Depuis la loi du 8 avril 1946 qui marque la nationalisation de l'électricité et du gaz, Electricité et Gaz de France ont pris en charge et assurent le fonctionnement du service public de production et de distribution du gaz. Aujourd'hui, l'usine à gaz du Sillon, partiellement détruite, abrite des bureaux d'EDF-GDF et le site de la seconde usine à gaz, avenue Aristide Briand, a été entièrement reconstruit.En 1878, l'usine à gaz emploie huit ouvriers.